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Un blog pour éviter d'oublier le texte.
Des réflexions désordonnées, isolées, intempestives.
À chaque fois, une incursion hasardeuse pour ouvrir le livre autrement.

lundi 20 décembre 2010

Eugénie Grandet et la sublimation de l'avarice chez Balzac

Eugénie n'hérite pas seulement d'une fortune colossale (jalousement chérie et séquestrée jusqu'alors) à la mort du bonhomme Grandet, mais encore du rapport -- le seul qu'elle puisse envisager -- au bien matériel.
L'avarice de feu son père la guette donc à la moindre décision. Son ingénuité sera pourtant autant sa planche de salut que la raison de son innocence : elle gèrera ses biens comme Grandet, mais orientera l'avarice vers ses penchants naturels, qui sont moins la jouissance tranquille que l'épenchement sur le malheur d'autrui.

Cette sublimation de l'avarice, assez ingénieuse dans sa forme et son ton, amène Balzac à "canoniser" son héroïne tout en réhabilitant l'usage exclusif de la richesse.

Pour lire un bon résumé : ici.

mercredi 8 décembre 2010

Hermann Hesse : vers une esthétique proustienne

Hermann Hesse a-t-il lu Proust ? Un passage de Demian le laisse croire. Alors que Pistorius et Émile s'abandonnent à la contemplation du feu animant le foyer, celui-ci, dévoilant en lui-même la multiplicité des formes qui s'offrent à sa vue, fait l'observation suivante :

« Nous voyons s'effacer et disparaître les limites qui nous séparent de la nature, et nous parvenons alors à l'état dans lequel nous ne savons plus si les images imprimées sur notre rétine proviennent d'impressions extérieurs ou intérieures. C'est alors que nous découvrons (...) combien nous sommes créateurs (...) »

Chez Proust, aucune impression sensible n'existe en et par elle-même, mais seulement par et pour moi. C'est cette propriété de l'impression qui seule autorise et accomplit le sens esthétique (notamment artistique).