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Cette impression est identique à quelques autres, dont l'inoubliable épisode de la madeleine qui, trempée légèrement dans l'infusion, avait dégagé en même temps que son odeur une série de sensations et de souvenirs, de perceptions et de réminiscences. C'est dans le projet de mettre des mots sur cette impression que se concrétisera la vocation artistique, plus précisément celle de l'écrivain.
Nous assistons, avec cet événement, à une structuration inédite jusqu'alors concernant le Temps (l'auteur emploiera sporadiquement la majuscule). Proust en découvre, et en dévoile, une particularité intime à travers sa capacité d'unifier des impressions à prime abord séparée (de jours, de mois, d'années dont, pour les avoir trop projetées d'avance, on a cessé de faire le compte). Cette fonction "hyper-synchrone" du temps nous présente(!) une seule et même impression sous le vécu de deux événements séparés d'un laps qui, l'espace d'un souffle, à déjà perdu sa dimension temporelle.
L'intuition de Proust est profonde : cette impression, qui dépasse et outrepasse la durée, est un "un peu de temps à l'état pur".
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