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Un blog pour éviter d'oublier le texte.
Des réflexions désordonnées, isolées, intempestives.
À chaque fois, une incursion hasardeuse pour ouvrir le livre autrement.

vendredi 9 septembre 2011

Liberté et assujettissement chez Cervantès

« La liberté, Sancho, est un des dons les plus précieux que le ciel ait faits aux hommes. Rien ne l’égale, ni les trésors que la terre enferme en son sein, ni ceux que la mer recèle en ses abîmes. Pour la liberté, aussi bien que pour l’honneur, on peut et l’on doit aventurer la vie ; au contraire, l’esclavage est le plus grand mal qui puisse atteindre les hommes. Je te dis cela, Sancho, parce que tu as bien vu l’abondance et les délices dont nous jouissions dans ce château que nous venons de quitter.

Eh bien ! au milieu de ces mets exquis et de ces boissons glacées, il me semblait que j’avais à souffrir les misères de la faim, parce que je n’en jouissais pas avec la même liberté que s’ils m’eussent appartenu ; car l’obligation de reconnaître les bienfaits et les grâces qu’on reçoit sont comme des entraves qui ne laissent pas l’esprit s’exercer librement. Heureux celui à qui le ciel donne un morceau de pain, sans qu’il soit tenu d’en savoir gré à d’autres qu’au ciel même. »

Don Quichotte vient de quitter le Duc et la Duchesse, chez qui se déroule la majeure partie de l'histoire qui compose le 2e tome du roman bien connu.

Les termes opposés ici : liberté et esclavage. Mais l'esclavage est métaphorique : il est plus question de reddition de compte que de servitude. Don Quichotte conçoit sa liberté comme le refus de la reddition, avec un bémol : ce qu'on doit à Dieu.

Pourtant le leitmotiv amoureux (l'obsession par Dulcinée) semble aussi un assujetissement, soit-il librement choisi... Écart entre les deux termes qui semble procéder de chacun des deux. Il y a là un brin de folie, qui n'a rien à voir avec cette autre folie, ordinaire, qu'on a étudié de long en large chez le personnage.

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